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10/12/2024
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10/06/2022
Quel rôle l’UX Designer doit-il jouer face aux défis sociétaux et environnementaux actuels ? Quel impact positif peut-il avoir via les dispositifs qu’il est amené à concevoir ? Mais aussi quelle posture adopter vis-à-vis de ses clients ?
Cette année, la Flupa* repousse les limites … loin, très loin ! Bien au-delà du partage des bonnes pratiques UX. La sensibilisation aux impacts environnementaux du numérique a commencé dès la journée d’ateliers du 19 mai. Puis, le 2ème jour nous avons été secoués dès 9H30 par les recommandations de la star du climat, Jean-Marc Jancovici, invité d’honneur du salon.
Vous seriez prêt, vous, à recommander à vos clients des sites sans vidéo ? Je veux dire, êtes-vous prêts à faire la leçon à vos clients, à leur poser des limites éthiques ? Jusqu’où faut-il aller en tant qu’UX designer ?
Et tout d’abord pourquoi se mettre au numérique responsable ?
Jean Marc Jancovici, spécialiste des questions énergétiques et de l'impact sur le climat a lancé la 2ème journée en donnant le cahier des charges pour concevoir en tenant compte des limites énergétiques ou « designer un monde à 2 degrés »… « Facile ? Non ! Nous avons enclenché une expérience irréversible. Même un siècle après un arrêt complet des émissions, la moitité du surplus des émissions de CO2 serait toujours présente dans l’atmosphère. Cette dernière ne reviendra jamais dans l’état où elle était avant qu’on commence à utiliser les combustibles fossiles. On ne peut plus revenir en arrière. On ne peut que modérer la dérive. » … Oups !
Et il poursuit : « Pour espérer inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre, il faudrait diviser par 3 cet impact d’ici 2050. Un enfant aujourd’hui devrait ainsi consommer 10 fois moins pendant sa vie que ses grands parents ! »
Nous avons pris l’habitude de penser systématiquement que numérique = « smart », que tout ce qui se fait dans la tech allait dans le bon sens… Mais Jean Marc Jancovivi rappelle que le numérique représente 4% des émissions de gaz à effet de serre ( autant que les cimenteries) et qu’elles augmentent de 8% par an ! La vidéo, à elle seule, représente 20% de ce total !
Par ailleurs, près de la moitié des fonctionnalités des sites web ne seraient pas utilisées… Entre déni et colère nous devrons désormais nous pencher sur le sujet d’un numérique responsable – avec effet immédiat !
On a déjà fort à faire. Nos clients ne sont pas encore tous convaincus de la nécessité d’écouter la voix des utilisateurs dès le démarrage des projets, ni de la valeur créée par l’approche spécifique de leur problématique par un Designer...
Il faut dire qu’il y a de quoi être perplexe face à la multitude des méthodologies proposées par les agences de conseil ! Laurent Chastrusse @Cdiscount voit dans cette profusion de méthodologies de design une source d’inquiétude. Pour lui, c’est le triomphe du bullshit : design thinking, design systémique, design inclusif, design comportemental, service design, design génératif…
« Qui saurait expliquer toutes ces méthodes ? Les mettre en œuvre ? »
N’est-on pas en train de donner une image confuse, voire de décrédibiliser notre profession ? Au risque que les clients attendent plus LA méthode pour produire plus rapidement que l’input du designer. Attention à l’industrialisation du design, à la perte de créativité aussi quand on fragmente trop les tâches entre UX et UI Designers au sein d’un projet. La créativité c’est précisément l’association analytique et le cheminement de l’idée ! Mais les méthodes sont peut-être plus faciles à vendre qu’un bon designer sur un projet… ? Attention, donc à veiller à ce que notre message reste audible !
La créativité est bel et bien une compétence clé dans la période actuelle ! C’est ce que souligne Anaëlle Camarda, Psychologue spécialisée en psychologie cognitive et en neuropsychologie. Dans un monde qui change en permanence et dans lequel nous devons systématiquement nous adapter et évoluer, trouver de nouvelles solutions face aux nouveaux problèmes est devenu crucial. Anaëlle nous a proposé quelques exercices à l’appui de ses constats autour du cerveau créatif.
« Les effets de fixation sont des blocages cognitifs que l’on rencontre lors de la génération d’idées créatives » : les stratégies automatiques ou sur apprises viennent contraindre l’exploration de solutions originales et nouvelles. La fonction habituelle de l’objet peut aussi fortement contraindre la résolution d’un problème. Un exemple donné (ou pas) dans la génération d’idées créatives peut influencer fortement les solutions proposées.
… Qui a dit qu’on ne devait pas sortir du cadre formé par les 9 points ?!
Anaelle termine son intervention en recommandant notamment d’essayer la méthode CK (Concept-Knowledge ou Concept - Connaissance en français). Excellente reco, mais la méthode ne s’improvise pas sans un Designer habilité, et elle est assez chronophage.
Parmi les sujets d’actualité auxquels les UX Designers peuvent contribuer par leur créativité, il est un sujet qui nous concerne tous : la nécessaire réinvention d’une expérience du travail en mode hybride. C’était le propos de la conférence d’Alexandra Villegas. Elle nous a partagé sa vision de l’architecture des bureaux de demain.
En 2022, le lieu de travail devient multiple et vibrant. L’architecte le voit comme lieu d’appartenance : il convient de créer l’esprit du lieu avec une communauté ouverte et vivante qui s’ouvre à un écosystème de services, des locaux flexibles et connectés à la nature. Elle suggère les fondamentaux d’un campus réussi autour des dimensions : « Live Eat Play Work Learn ».
L’ouverture peut aller encore plus loin avec le concept « Think Elastic » qui prône la coexistence des générations avec des valeurs et des comportements différents, des espaces flexibles, modulables et reconfigurables pour proposer des parcours adaptés à chaque type de visiteurs. Et la data devient stratégique pour gérer les fluctuations de présence !
Bref, le Design Thinking au service de l’aménagement de l’espace !
Et là… nous rejoignons les enjeux climatiques ! Cette transformation des espaces doit également prendre en compte d’autres réflexions comme la réduction de l’empreinte carbone. Réversibilité des bâtiments à l’image des immeubles haussmanniens, qui ont été logements, bureaux et hôtels, développement du concept de « ville du quart d’heure » où on pourra habiter, travailler, se divertir, se restaurer dans un rayon de 15 minutes à pied ou en mobilités douces
Alors, quel terrain devrions-nous investir ? Que recommander et à qui ?
Garance Delaby et Catherine Smet, UX Designers @Palo IT, proposaient un atelier alliant pensée systémique et design thinking pour concevoir des produits à impact positif. Leur propos ? Passer d’une approche centrée utilisateur à une vision plus globale : « people, profit and planet ».
On change d’échelle en envisageant successivement les impacts sur l’individu, la communauté puis la planète (Impact radar). On cherche ensuite à identifier les connexions entre les éléments ; on réfléchit aux flux d’information et aux relations entre les éléments (boucle, rétroaction, équilibre, cercle vicieux ou vertueux). Enfin on sélectionne les ODD concernés par les boucles identifiées (ODD = Objectifs de Développement Durable) parmi les 17 répertoriés par L’ONU, ce qui permet de lancer la phase d’idéation sur une base élargie pour chaque ODD retenu.
Un atelier qui nous a semblé très utile pour sensibiliser les équipes ou bien pour démarrer en amont des projets destinés à concevoir des produits à impact positif, même s’il est assez chronophage.
Heidi Ghernati, Designer de service et Co-gérant de l’agence Bakasable nous a montré comment forcer la créativité hors des réflexes automatiques (swiper, zoomer…) avec un atelier intitulé « Sortez-vous les doigts de la norme ! ». L’idée est de se donner des contraintes utiles pour les cibles visées (les seniors par exemple) qui peuvent être de l’ordre de l’interaction (une app mobile sans « taps » sur l’écran) ou bien au niveau de l’interface (en noir et blanc ou bien limitation à une seule taille de typo). Se mettre des contraintes permet vraiment d’ouvrir les chakras ! … A minima quelques contraintes en vue d’un numérique responsable !
Mellie Laroque, User Researcher & Service Designer @SNCF connect & tech, Coprésidente Designers Éthiques clôturait les UX Days 2022 par une keynote engagée.
Elle nous a partagé son questionnement sur ce que c’est qu’être Designer aujourd’hui et sa vision pour le métier de designer face aux enjeux socio-écologiques actuels.
« Nous sommes dans une étape de bascule collective complexe qui nous demande de revoir nos modèles économiques et sociaux à grande échelle. Et le design peut-constituer un levier efficace. »
Exercer une démarche responsable dans son métier de Designer implique 3 ingrédients :
Parmi les changements de paradigme à considérer :
Mellie nous propose pour cela une démarche en 3 étapes : interviews pour évaluer la maturité des équipes, rédaction commune des engagements puis rendre ces engagements opérationnels en mesurant la sobriété numérique.
Elle propose aussi un nouveau socle de compétences à développer :
Et pour passer réellement un palier, il convient d’abord de sensibiliser en interne, puis de réaliser un état des lieux de sobriété énergétique et enfin de former à l’écoconception numérique.
Nous sommes ressortis bouleversés de ces #UXDays22 avec un réel sentiment d’urgence à agir.
L’UX Designer peut avoir un impact fort sur la société et l’environnement à travers les dispositifs numériques et les nouveaux usages qu’il choisit de contribuer à développer.
Nous pouvons agir à travers la sobriété numérique sur les enjeux climatiques et impacter positivement le monde de demain.
Sachons réinventer les usages à bon escient !
Klee propose déjà une sensibilisation à ses collaborateurs avec des ateliers « Fresque du climat » et « Numérique Responsable » ainsi que des formations à l’écoconception numérique.
Le parti pris de Klee Digital Xperience est de toujours s’adapter aux besoins et à la maturité de nos clients.
Aujourd’hui, face à la menace qui engage l’avenir de la planète, notre équipe est déterminée à se mobiliser.
Notre petit groupe a quitté les UXDays convaincu qu’il convenait de reconsidérer peu à peu tout ce côté « smart » des nouvelles technologies qui nous a tous envoutés mais que l’on paye maintenant au prix fort - celui de la destruction progressive de la planète - pour adopter une nouvelle sobriété numérique.
En étant conscient des implications de nos usages numériques, il est plus facile de commencer à les arbitrer.
Nous sommes désormais résolument pour un design d’expérience raisonné.
Pour la team Digital Xperience, finie l’approche « user centric » ! Elle se révèle insuffisante pour un numérique responsable qui garantisse un impact positif sur la planète.
Notre approche prendra désormais en compte les impacts environnementaux, avec une conception d’expériences centrée « environnement et utilisateur » !
Une expérience mémorable ET un impact positif !
*Flupa : Association francophone de référence pour les professionnels de l’expérience utilisateur