L’accessibilité numérique n’est pas une option. Il demeure important avant tout de rappeler l’importance et la nécessité de l’accessibilité dans tous les projets numériques. Cette notion en plein essor est régie par de nombreuses lois et réglementations tant au niveau national qu’européen.
BLOG | L’impact de l’IA sur le monde du Conseil ou la nécessaire transformation
31/05/2024
« L’intelligence artificielle est au XXIe siècle ce que l’imprimerie a été au XVe siècle, mais en beaucoup plus rapide ». Alain Staron, conférencier et fondateur d’Artifeel
L'avènement de l'intelligence artificielle, l’IA, a profondément transformé de nombreux secteurs, et le monde du conseil n'est pas en reste. Notre métier de consultant, autrefois centré sur l'expertise humaine, doit désormais s'adapter à un paysage professionnel en pleine mutation.
Cet article explore l'impact de l'intelligence artificielle sur notre métier de conseil en tant que créateurs de solutions digitales métier
et examine comment nous pouvons (et devons) tirer parti de ces innovations pour rester pertinents dans un environnement technologique plus que jamais en mouvement.
Une brève définition de l’IA
Mais tout d’abord, une rapide définition de l’IA, car tout le monde en parle, mais personne ne sait très bien quoi mettre derrière ce concept !
Pour faire simple (les puristes et les experts, s’abstenir), l’IA est une branche de l’informatique qui se consacre à la création de programmescapables de simuler des processus cognitifs humains
pour tenter de se rapprocher de son comportement et, ainsi, soulager l’humain dans certaines tâches.
Les techniques couramment utilisées en IA comprennent :
- L'apprentissage machine (machine learning) : les systèmes d'IA utilisent des algorithmes qui leur permettent d'apprendre à partir de données, en identifiant des modèles.
- Les réseaux neuronaux artificiels : inspirés par le fonctionnement du cerveau humain, ces réseaux sont des structures de traitement de l'information qui permettent à une machine d'apprendre de manière non linéaire.
- Le traitement du langage naturel (NLP) : cette technique permet aux machines de comprendre, d’interpréter et de générer un langage humain, facilitant ainsi la communication entre les ordinateurs et les utilisateurs.
- La vision par ordinateur : les systèmes d'IA peuvent être entraînés pour interpréter et comprendre visuellement le monde, ce qui trouve des applications dans la reconnaissance d'objets, la détection de motifs, etc.
Son utilisation, nous le constatons tous les jours, suscite des débats dans de nombreux secteurs d’activités, soulevant à la fois des questions éthiques et des inquiétudes quant à la potentielle suppression de certains emplois.
Mais restons positifs et essayons plutôt de voir comment l’IA peut nous aider dans notre métier de conseil au quotidien.
Comment l’IA peut optimiser le travail des consultants
Tout d’abord, l’IA peut nous permettre de rester concentrés sur des tâches à plus forte valeur ajoutée en automatisant les plus répétitives et chronophages.
Pour être plus concret, nous pouvons citer, par exemple, l’analyse de grands volumes de données que les algorithmes d'IA peuvent rapidement traiter, permettant ainsi de dégager des tendances, des modèles qui peuvent être utiles pour segmenter des utilisateurs, créer des profils ou même automatiser les interactions avec les utilisateurs via des chatbots qui peuvent répondre aux questions les plus fréquentes, traiter les demandes de base et guider les utilisateurs à travers des processus.
En analysant rapidement de grands volumes de données, les algorithmes d’IA sont capables également de générer des rapports détaillés en un temps record. Ainsi, les consultants peuvent se concentrer sur des tâches plus complexes nécessitant une réflexion stratégique, comme une meilleure compréhension des problèmes de leurs clients et des utilisateurs finaux tout en laissant à l'IA les aspects plus opérationnels.
De plus, les algorithmes prédictifs et les modèles d'apprentissage automatique peuvent analyser des données historiques et en temps réel pour anticiper les tendances, identifier les opportunités et minimiser les risques, ce qui va permettre aux consultants d’améliorer leurs prises de décisions. Cette capacité à prendre des décisions éclairées grâce à l'IA renforce leur crédibilité et augmente leur valeur ajoutée pour leurs clients.
Enfin, l’une des aides les plus précieuses que l’IA peut amener au métier de conseil est sans doute celle concernant l’optimisation des processus internes etde création.
Cela peut inclure l'automatisation de certaines tâches administratives, la gestion de projet et la planification des ressources. Chez Klee, nous nous y sommes déjà attelés avec le projet de mise en place d’une IA permettant d’analyser le contenu des appels d’offres et ainsi de réduire considérablement le temps passé à y répondre, quel que soit le corps de métier concerné (commerciaux, leads tech, consultants, lead UX…).
Si l’on regarde du côté de la production (création et développement), l’IA permet désormais la création automatique d’interfaces de wireframes (maquettes en niveaux de gris), de maquettes graphiques (UI) et de contenus textes et images grâce à des outils comme Relume.io. Elle est également utilisée par de nombreuses plateformes générant du code rapidement pour faire des applications mobiles ou des sites Internet à des prix dérisoires comme Builder.ia.
L’IA alloue des composants réutilisables en fonction du modèle choisi par son utilisateur, ce qui permet aux développeurs de se concentrer sur des fonctionnalités exclusives propres au projet, au client pour lequel l’entreprise réalise sa mission.
Ces axes d’amélioration que l’IA peut apporter à nos missions quotidiennes ne sont que quelques exemples parmi beaucoup d’autres.
Ce panorama pourrait sembler bien séduisant et presque facile à mettre en place. Il convient cependant de prendre du recul et de s’interroger sur plusieurs aspects du sujet.
L’IA, solution miracle ou menace pour le métier du conseil ?
En effet, si l’on prend l’exemple de la collecte et de l’analyse d’un gros volume de données, faire appel à l’IA peut sembler très séduisant pour économiser des honoraires.
Toutefois, l’usage montre qu’il faut à la fois poser les bonnes questions et savoir faire le tri dans les réponses de l’IA.
Concernant les tendances, il faut veiller à interroger une IA qui a effectivement ingurgité des données récentes et fiables.
Pour ce qui est du raisonnement à effectuer, les consultants se devront d’utiliser l’IA avec prudence, en conservant un esprit critique et en ayant en tête que le risque, à terme, pourrait bien être une unification de la pensée,
à cause d’une IA qui risque de reproduire mécaniquement les biais humains (comme le biais de confirmation qui consiste à privilégier les éléments et informations qui confirment plutôt que ceux qui infirment une hypothèse).
Pour ce qui est de générer des rapports détaillés, l’IA peut aider à leur mise en forme. Plusieurs logiciels en ligne permettent de le faire, comme celui de Tableau ou Microsoft PowerBI.
Mais ils concernent plus la mise en forme de données. Pour ce qui est de recommandations détaillées et personnalisées, les IA génératives actuelles ChatGPT, Bard de Google et Bing Conversation restent pour le moment très généralistes pour vraiment se baser dessus pour prendre une décision.
Et puis tout avancée technologique présente un revers à la médaille. Qui dit moins de temps passé sur des tâches à faible valeur ajoutée, dit réduction de certains emplois et pression sur les tarifs pour les autres.
Face à la montée en puissance progressive de l’utilisation de l’IA pour traiter des tâches opérationnelles et répétitives, prises en charge traditionnellement par des profils dits juniors ou moins qualifiés, les clients des cabinets de conseil pourraient tout simplement se montrer moins enclins à payer des honoraires élevés et donc revendiquer une réduction des tarifs des prestations ou même à ne plus faire appel à ce type de profil lors de la réalisation d’une mission !
Les cabinets de conseil devront donc prouver en permanence la valeur de leurs services, en insistant sur l'expertise humaine, la personnalisation des solutions et l'accompagnement sur mesure.
Enfin, un autre point capital que soulève l’utilisation de l’IA par les consultants, est celui de la sécurité et de la confidentialité des données, un véritable défi en termes de responsabilité.
Comme nous l’avons vu en effet, une des techniques utilisées par l’IA dite générative (Chat GPT, Bard…), est le Machine Learning, donc l’apprentissage à partir de données. Tout va bien si les données fournies à l’entrée sont publiques.
Mais qu’en est-il si des informations confidentielles sont copiées-collées dans la barre de rédaction des prompts (terme anglophone qui désigne l’ordre à exécuter fourni comme point de départ à l’IA par l’utilisateur)
ou des documents classés téléchargés pour être résumés, et ce, pour obtenir des rapports, des synthèses et d’autres présentations « sur-mesure ».
Un gain de temps et un accroissement de productivité indéniables certes, mais qui ne sont vraiment pas sans risque : les données pourraient tout à fait être réutilisées par toute personne formulant un prompt sur un sujet précisément traité par les documents exploités.
Alors que devons-nous faire pour relever le défi de l’IA dans les métiers du conseil ?
La nécessité de se former et de se transformer
S’il faut rester positif et voir l’arrivée de nouvelles technologies avant tout comme une opportunité de se développer, cela ne signifie pas pour autant qu’il ne faille pas réfléchir à ce que cela pourrait impliquer sur le long terme pour notre métier.
L'intégration de l'IA dans le métier de consultant nécessite indéniablement une évolution des compétences.
Les consultants doivent acquérir des connaissances en Sciences des données, en programmation et en compréhension des algorithmes pour tirer pleinement parti des outils d'IA.
L'apprentissage continu et l'adaptabilité deviennent des compétences clés pour rester compétitif sur le marché. Nous risquons de beaucoup entendre parler de « consultants augmentés », formés à la manipulation des données IA
et au travail prédictif avec des data labs.
L’objectif affiché est clair : les futurs consultants doivent être capables de se poser les bonnes questions, de donner les bonnes pratiques pour un bon usage de ChatGPT, et in fine, de gagner en productivité
(si l’on se restreint à l’IA générative).
Si l’on regarde ce qu’il se passe au niveau du secteur du conseil, les choses bougent, et ce depuis2019.
De nombreux cabinets, tels que Bain, Kearney, le BCG ou McKinsey, ont décidé de développer des compétences high-techs en interne en rachetant des entreprises spécialisées dans la Data Science.
D’autres, comme Eight Advisory, forment à l’IA leurs consultants généralistes afin de créer une plus-value IA pour les clients, en proposant des équipes à la fois expertes et généralistes IA-compatibles.
Enfin, d’autres cabinets sont entrés dans une démarche visant à structurer un outil intégrant de l’IA pour leurs propres besoins.
McKinsey vient par exemple de se doter de son propre outil d’IA générative (qui agrège toutes les connaissances du cabinet) pour faciliter le travail de ses consultants et leur productivité.
Nous voyons donc qu’en tant que consultants, il est désormais indispensable de nous former rapidement à l’IA et de nous tenir informés si nous souhaitons rester pertinents et avoir une véritable valeur ajoutée à offrir à nos clients.
En conclusion, l'essor de l'intelligence artificielle a indéniablement refaçonné le paysage du métier du conseil, apportant à la fois des défis et des opportunités.
Si elle offre la possibilité de libérer du temps et des ressources, permettant aux consultants de se concentrer sur des aspects plus complexes et stratégiques de leur travail, il apparaît essentiel que ces derniers sachent bien l’utiliser et ainsi accompagner au mieux leurs clients dans son implémentation. La réussite dans ce nouveau paradigme dépendra donc de la capacité de chacun à s'adapter et à développer des compétences complémentaires à celles des technologies émergentes.