BLOG | L’Art de délivrer un message impactant et mémorable : le storytelling

10/06/2024

Par Stéphane Ottonello

Bien le bonjour, moi, c’est Stéphane Ottonello, Coach Agile chez Klee.

En tant que spécialiste qui accompagne les organisations, les équipes et les individus dans leur transition vers des méthodologies de travail dites Agiles, un des défis récurrents du coach agile est d’être écouté par des personnes qui se retrouvent entrainées par les vents effrayants du changement. En capitalisant sur les nombreuses années d'expérience collective des coachs agiles de Klee, nous allons partager avec vous quelques idées pour délivrer un message impactant et mémorable.

Tout d’abord, reprenons un peu le contexte : qu’est-ce qu’un Coach Agile ? 

Le Coach Agile, à l’aide de son expertise et de sa perspicacité, se dresse comme un phare guidant les organisations, les équipes et les individus à travers le dédale souvent intimidant des méthodologies de travail Agiles. Son rôle est moins celui d'un instructeur rigide que celui d'un facilitateur éclairé, dont le but est d'insuffler les principes de l'Agilité et de piloter la métamorphose culturelle et opérationnelle nécessaire à leur adoption.

 Il intervient à toutes les étapes de la Transition :

  • En amont de phase, pour diagnostiquer l’existant et concevoir la transformation adaptée au contexte ;
  • En début de phase, pour fournir une formation aux pratiques et outils Agiles ainsi que pour promouvoir la culture Agile ;
  • Pendant la transition, pour soutenir les équipes et les projets, assurer leur stabilité et leur efficacité en proposant de la facilitation et de la médiation pour aider à résoudre les conflits ;
  • En fin ou après Transition, pour proposer des outils d’amélioration continue et assurer l’autonomie des équipes et des projets.

Le défi majeur rencontré, quelle que soit l’étape, est le maintien du niveau d’écoute et d’attention, face à un public en proie à des inquiétudes.

En effet, qui dit transition, même douce, dit changement. Or la peur du changement est un phénomène bien connu dans le monde de l’entreprise [voir une étude ici]. Que ce soit dû à une peur de l’inconnu, de l’échec, d’une mauvaise expérience passée, à l’impression de ne pas pouvoir être à la hauteur du nouveau défi ou tout simplement à l’absence d’envie parce que « ça fonctionne déjà bien comme ça ».

Ce stress induit différents effets secondaires indésirables tels que l’altération de la mémoire, la propension accrue à prendre des décisions erronées, une tendance à la critique peu constructive, ainsi qu'une sensibilité accrue à l'irritabilité et à l'intolérance.

Évidemment, ces répercussions compromettent la capacité d'écoute attentive et de réceptivité aux conseils offerts par un coach Agile. Or, l’un des objectifs du coach est d’améliorer la qualité de vie au travail de ses interlocuteurs.

La conjonction des hormones à l’origine du stress – le cortisol et l’adrénaline – est appelée « le cocktail du diable » par l’orateur et coach David JP Phillips.

Il théorise aussi, dans cette vidéo très intéressante [voir la vidéo ici], son opposé : le « cocktail divin », composé de trois hormones cruciales : la dopamine, l'ocytocine et les endorphines.

Ce « bon cocktail » favorise la concentration, la confiance, l'attachement, la créativité, la relaxation et la mémoire.

En créant du suspense ou des rebondissements dans sa narration, l’orateur favorise la concentration, la motivation et une meilleure rétention de la mémoire ; en suscitant l’empathie, il crée un lien avec son public ; et en faisant rire, il favorise la créativité, la relaxation et la concentration.

Alors comment « faire boire le bon cocktail » à ses interlocuteurs ? L’une des solutions, et celle où va ma préférence, est le Storytelling.

Le storytelling, ou l'art de raconter des histoires, est une technique narrative utilisée depuis des siècles pour communiquer des idées, des valeurs et des émotions de manière captivante.

Il s'agit d'une forme de communication puissante qui transcende les simples faits et chiffres en créant des récits engageants et mémorables. En utilisant des personnages, des intrigues, des conflits et des rebondissements, le storytelling captive l'attention de l'audience et lui permet de s'identifier aux histoires racontées.

Cette technique permet de transmettre des messages persuasifs, inspirants, éducatifs ou divertissants. Elle est utilisée par les coachs pour motiver les équipes, enseigner des leçons importantes ou sensibiliser son auditoire autour de l’Agilité. Employée stratégiquement dans les réunions, elle permet de faire « boire le bon cocktail » et de créer une expérience positive pour le public.

Par le biais de récits captivants, illustrant les défis, les triomphes et les transformations vécus au gré de l'adoption des méthodes Agiles, le coach parvient à matérialiser les concepts abstraits, rendant les principes Agiles tangibles et assimilables.

Cette démarche narrative favorise une immersion à chaque membre de l'équipe, qui se voit en protagoniste potentiel de sa propre histoire, stimulant son engagement et sa motivation à embrasser ces pratiques novatrices.

Au-delà de l'aspect didactique, le storytelling se révèle être un levier d'émancipation pour l'auditoire, l'incitant à l'autonomie et à l'initiative. Les sagas d'autodépassement et de collaboration, partagées par le coach, insufflent une dynamique de changement, encourageant chacun à devenir acteur de l'innovation au sein de son environnement professionnel.

En somme, le storytelling émerge comme une stratégie pédagogique et inspirante, essentielle au coach Agile désireux de fonder une culture de travail où prévalent autonomie, adaptabilité et esprit d'équipe.

Discutons un peu de pratique. L’un des intérêts du storytelling, c’est qu’une fois les bases acquises, aucun talent inné n’est nécessaire à son exercice. Travailler les bonnes postures lors de prise de parole est à la portée de tous !

Fort heureusement, pour tous les orateurs en herbes, David JP Phillips a mené une exploration approfondie des compétences et des techniques qui font d'une personne un communicateur et un orateur efficace. Il en a fait un tableau : « Les 110 techniques de communication et de prise de parole en public ».

Selon lui, à l’image d’un boxeur, il est possible de travailler des combos de ces compétences lors de ses prises de parole pour maximiser leurs effets et délivrer un message impactant et mémorable.

En attendant d’être un poids lourd de la prise de parole, il est possible de travailler certains enchainements simples qui amélioreront grandement votre prise de parole :

– La gestion des silences : faire des pauses dans le discours et éviter les « euuuuuuh… ». Ce « euuuh… » envoie le message à votre auditoire que vous ne maitrisez pas votre sujet et donc réduit leur attention. Après tout, qui a envie d’écouter quelqu’un qui n’a pas l’air au fait de son sujet ? À l’inverse, faire des pauses augmente l’attention de son auditoire. Pendus à vos lèvres, ils voudront connaitre la fin de votre phrase. Et pourtant, vous aurez le même temps pour préparer votre prochaine phrase.

– Le combo d’ouverture : commencer sa prise de parole en avançant vers son auditoire pour prendre le focus, incliner la tête à la fin de la marche pour créer de l’empathie et garder un langage corporel ouvert pour montrer son aisance et créer de l’engagement avec son public. Je trouve cet enchainement particulièrement intéressant à travailler, car, selon moi, les premiers instants d’une prise de parole sont capitaux pour la suite de la session, mais restent un exercice difficile pour les novices.

– Les enchainements de rythme de voix : une erreur classique lors de la prise de parole est de déballer son speech le plus vite possible sur un ton monocorde, comme si on voulait se débarrasser de ses propres paroles. Il n’y a rien de pire pour un auditoire. Le ton monocorde accentue la perte d’écoute et la vitesse de paroles rend difficile la rétention des bonnes informations. A l’inverse, moduler son rythme de narration, en accélérant (un peu) sur les détails et en ralentissant sur les points importants capte l’attention et aide le public à trier les informations.

David JP Phillips propose des mises en situation et des exemples de discours pour illustrer tous ces conseils. Il revient dessus dans cette vidéo [voir la vidéo ici] que je vous encourage à regarder.

À tout cela, je vous partage quelques conseils supplémentaires pour améliorer le fond du message avec du storytelling :

– Utilisez des histoires vécues : partagez des anecdotes réelles et des exemples concrets tirés de votre expérience ou de celle d'autres équipes. Les histoires de succès, ainsi que les échecs suivis de leçons apprises, sont particulièrement puissantes. Comme c’est du vécu, vous avez l’avantage de savoir quel ingrédient elles contiennent pour préparer votre cocktail. Les émotions renforcent la mémorisation et l'engagement. Parlez des frustrations, des espoirs, et des réussites émotionnelles que vous avez ressenties.

– Personnalisez vos histoires : adaptez vos histoires au contexte spécifique de votre auditoire. Identifiez les défis et les aspirations propres au public du moment et reliez-les aux principes et valeurs que vous voulez susciter. Cela aide à rendre votre propos pertinent et désirable pour eux. De même, adaptez vos histoires au moment de votre discours. Il est plus intéressant de susciter l’empathie en début d’une prise de parole pour créer un lien avec votre public, ou de le faire rire pour booster leur concentration. À l’inverse, les suspenses et rebondissements sont à garder pour les moments que vous voulez rendre mémorables, comme l’apprentissage d’une leçon importante.

– Encouragez le storytelling participatif : invitez les membres de l'équipe à partager leurs propres histoires liées à l'apprentissage et à l'application de vos propos. Cela favorise l'appropriation des concepts énoncés et renforce la cohésion d'équipe.

– Enfin, dans tous les cas, soyez authentique : vos histoires doivent être authentiques et crédibles. Plus vous êtes convaincu et embarqué dans vos idées, et plus votre auditoire le sera. L'authenticité renforce la confiance et facilite l'identification des membres de l'équipe dans les situations décrites.

Ce n’est qu’un aperçu de l’art du storytelling. Il ne faut pas oublier qu’une communication efficace va au-delà de l’information : elle doit éveiller intérêt et émotions. C’est en ce sens que le Coach Agile guide et narre, transformant la peur du changement en une aventure collective. Pour moi, le storytelling nécessite authenticité et adaptation. Ce sont les clés favorisant innovation et collaboration permettant de libérer son auditoire ; et pour le coach agile, le potentiel des équipes en Agilité.

En résumé, le storytelling n’est pas seulement un outil de communication, mais une véritable stratégie pédagogique permettant à un coach agile d’aider ses coachés à naviguer dans les complexités du changement organisationnel. Plus intéressant encore, cette approche narrative est accessible à tous ceux qui souhaitent améliorer leurs prises de parole en public, de la simple réunion de travail à la grande conférence.

Chez Klee, nous intégrons l'agilité au cœur de nos pratiques pour accompagner nos clients dans leur transformation digitale et organisationnelle. Nos coachs agiles expérimentés utilisent le storytelling pour rendre les concepts agiles plus compréhensibles et inspirants, facilitant ainsi l'adoption et l'implémentation de nouvelles méthodes de travail.

Le storytelling offre une méthode efficace pour captiver l'auditoire, transmettre des messages mémorables et créer des connexions émotionnelles. Que vous soyez débutant ou expert, maîtriser les bases du storytelling peut véritablement enrichir et dynamiser toute prise de parole en public.

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Citation de Lindberg
  • Par Stéphane Ottonello

    Agilité & DevOps

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