L’accessibilité numérique n’est pas une option. Il demeure important avant tout de rappeler l’importance et la nécessité de l’accessibilité dans tous les projets numériques. Cette notion en plein essor est régie par de nombreuses lois et réglementations tant au niveau national qu’européen.
BLOG | L'avenir du Design à l'Ère de l'Intelligence Artificielle
21/06/2024
L'intelligence artificielle (IA) est en train de révolutionner de nombreux domaines, et le design n'est pas en reste. Alors que la technologie évolue à un rythme effréné, le rôle du designer est appelé à se redéfinir dans un contexte où l'IA joue un rôle de plus en plus important. L'avenir du design sera marqué par une collaboration étroite entre la créativité humaine et la puissance de l'IA.
De nombreuses questions se poseront autour du design et de l’IA : l’IA comme outil créatif, le design génératif, et les questions et réflexions qui ne sont pas en reste relèvent notamment de l’éthique et de la responsabilité. L’article a pour vocation à aider à la réflexion, à se questionner.
L'IA comme un outil créatif
Les professionnels dans le domaine créatif qui ont déjà touché un peu à l’IA, même à un stade novice pourront dire que l'utilisation de l'IA dans le processus de design offre des avantages significatifs. Les algorithmes peuvent analyser d'énormes quantités de données, identifier des tendances émergentes et aider les designers à prendre des décisions éclairées.
Pour illustrer nos propos, dans le domaine de la conception graphique, l'IA peut générer des suggestions de couleurs, de compositions et de styles en fonction des préférences du public cible. Cela libère du temps pour les designers, qui peuvent se concentrer sur des aspects plus conceptuels et créatifs de leur travail.
En revanche… l’humain apporte la sensibilité et la part de raisonnement dans ce qui est parfois très subtil et qui peut faire toute la différence. Le déclic d’un créatif si on part sur l’exemple de notre designer graphique ou un directeur artistique, c’est de se nourrir d’une couleur, d’une texture, d’un élément issu de son environnement (rue, forêt, au sein de sa famille, …), d’une sensation, de ce petit quelque chose qui va l’inspirer et qui ne repose pas dans une banque de données. Voici un exemple d’un moodboard qui peut être fait par un créatif.
Fig. Un moodboard associant texture, couleurs, formes…
La banque de données du créatif puise dans ses expériences, ses émotions et simplement sa vie. Le déclic peut survenir, à tout moment, de l’association de toutes ces recherches et de sa sensibilité, par rapport à la demande de son client. C’est cette complexité que le designer essaie de ressortir de manière très simple dans sa création.
De plus, une partie importante, reste la gestion de la relation humaine : « vendre » le récit de sa création et créer du lien. Si tout le processus de création est une recherche comme nous l’avons dit précédemment, l’expliquer à son client pour retranscrire ce qui a été produit par rapport à une demande fait aussi partie de la création et de la vie d’un projet.
L’exemple du designer graphique a été pris pour illustrer le propos, mais ceci est applicable sur d’autres corps de métier créatif : un photographe, un peintre etc.
L’IA au service de l’expérience utilisateur
L'une des forces majeures de l'IA réside dans sa capacité à personnaliser les expériences grâce aux données que nous lui fournissons. Les designers peuvent exploiter cette capacité pour créer des interfaces utilisateur intuitives et engageantes, notamment dans le cas où nous n’avons pas accès aux utilisateurs, car ils seraient difficiles à rencontrer.
Les systèmes d'IA peuvent analyser le comportement des utilisateurs pour anticiper leurs besoins, offrant ainsi des solutions sur mesure. Dans le design d'interfaces, cela se traduit par des interfaces adaptatives capables de s'ajuster dynamiquement en fonction des préférences individuelles de chaque utilisateur.
Pour illustrer nos propos sur l’expérience utilisateur, nous pouvons penser à l’IA intégrée aux sites web. Elle permet de personnaliser les produits recommandés basés sur les précédentes recherches, les préférences.
Nous pouvons prendre l’exemple très connu de Netflix. La page d’accueil est tout à fait personnalisée pour nous : l’IA prend en compte nos anciens visionnages, nos préférences que ce soit globalement au niveau du type de film (romance, science-fiction etc.) et à un niveau plus fin puisque nous sont proposés des films ou séries se rapprochant d’un film précis que nous avons visionné. Les catégories de recommandations nous rappellent que l’IA a compris nos goûts et toute l’expérience que souhaite nous donner Netflix réside là.
Netflix ne s’arrête pas là puisqu’il utilise aussi l’IA pour optimiser la diffusion du contenu en fonction de la connexion internet et donc de la bande passante disponible de l’utilisateur. Tout ceci pour que l’expérience de visionnage reste fluide, sans interruption.
En revanche…il faut noter que l’IA est au service de la stratégie de Netflix et a été programmée par une intelligence humaine pour répondre à cette stratégie.
N’oublions pas non plus que l’IA peut nous enfermer dans nos goûts. Elle ne nous propose pas toujours des choses nouvelles ; des films / séries que nous pourrions découvrir par nous-même. Elle tombe juste à plusieurs reprises, cela est vrai. Cependant, elle est également limitée. N’avons-nous pas la plupart du temps chercher dans la barre de recherche un film de notre enfance ou dont notre collègue nous parle ? Oui, ce film était bien disponible sur Netflix mais pas proposé dans les recommandations, car cela fait appel à notre mémoire, nos souvenirs mais également à ce goût de « découvrir » autre chose…
Ce que nous retenons est que l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle combinées et utilisées pour des fins stratégiques et qu’on espère « bonnes », mènent loin.
Design génératif : vers une créativité augmentée
L'IA peut être un moteur de création en elle-même. Le design génératif, une approche où l'IA est utilisée pour générer des designs autonomes, ouvre de nouvelles perspectives. Des artistes et designers explorent déjà la capacité des algorithmes à créer des œuvres d'art uniques, des logos, des modèles architecturaux et même des designs de produits. Cette collaboration entre l'esprit humain et l'intelligence artificielle donne naissance à des créations novatrices qu’il aurait été difficile à imaginer autrement.
La majorité d’entre nous, que nous soyons dans le domaine du design ou non, avons par curiosité déjà testé une IA qui permet de créer des images à partir de descriptions textuelles. Prenons l’exemple de Copilot. J’y ai intégré l’image d’un chat et lui ait « passé une commande » avec ce qu’on appelle un prompt (= une instruction donnée à l’IA).
Fig. Image initiale d’un chat réel
Fig. Image d’un chat généré avec Copilot via une instruction spécifique
Avec un seul prompt, en vous laissant deviner la thématique principale, l’IA a pu générer plusieurs créations uniques. Nous n’avons pas à réfléchir bien loin pour deviner le champ des possibles et la puissance offerte par l’IA.
En revanche… quand on donne une instruction, à nous d’utiliser l’IA pour que le prompt soit général ou plus fin et plus complexe en termes d’ordre et de besoins. A l’humain de « dompter » l’IA et de lui donner les consignes appropriées.
Comment adopter l’IA de façon responsable ?
La question de l’éthique et de la responsabilité est bien évidemment une réflexion globale et ne se limite pas seulement au domaine du design.
L'incorporation de l'IA dans le design soulève des questions éthiques et les designers doivent être conscients de la manière dont l'IA prend des décisions pour éviter les biais potentiels. La transparence et la responsabilité dans la conception d'algorithmes deviennent des aspects cruciaux pour garantir que l'IA est utilisée de manière éthique et équitable. Cet article sera trop court pour pouvoir parler d’un sujet aussi vaste et complexe.
Plusieurs mots nous viennent en tête quand nous parlons d’éthique et de responsabilité : les droits d’auteur, la sécurité des données et de la vie privée (RGPD), la provenance des données et donc la transparence, la qualité des données, la justesse, la confiance…
Selon moi, la question qui est soulevée de manière globale n’est pas de dire si l’IA est responsable. La réflexion est au tout début de la conception de l’IA, sur quelle modèle et quelle charte se base-t-on pour la conception d’une IA ? Et plus globalement celle des acteurs concernés par la responsabilisation de l’IA et les moyens qu’ils se donnent pour respecter un modèle et une charte ? Autant dire que c’est tout un chantier mêlant plusieurs disciplines.
Vers des rôles en pleine évolution
L'intégration réussie de l'IA dans le domaine du design nécessitera certainement une évolution des compétences. Les designers devront acquérir une compréhension plus approfondie des capacités et des limites de l'IA. Les compétences en programmation et en compréhension des algorithmes deviendront possiblement de plus en plus importantes. Les écoles de design et les programmes de formation devront s'adapter pour inclure des éléments liés à l'IA dans leurs cursus.
Cela signifie également que les entreprises devront s’impliquer pour s’adapter aux changements du marché et mettre en place des formations ambitieuses, plus concrètes pour leurs salariés. « La formation ne doit plus être considérée comme un coût, mais comme un investissement clef inscrit dans la stratégie globale de l'organisation » (journal du net).
Un regard vers l'avenir
L'avenir du design face à l'IA est prometteur, mais il nécessite une approche réfléchie et éthique. Les designers doivent embrasser l'IA comme un partenaire créatif, exploitant ses capacités tout en restant maîtres de la vision et de l'éthique du design. La collaboration entre l'intelligence artificielle et la créativité humaine ouvre la voie à une nouvelle ère de design où l'innovation et la personnalisation redéfinissent notre expérience visuelle et interactive.
Il y a une phrase que je retiens qui me semble pertinente, que ce soit dans le domaine du design ou le domaine global et qui termine cette réflexion : « Toutes ces technologies ont pour but de nous assister dans des tâches ponctuelles, souvent répétitives et fortement codifiées. Elles nous fournissent une aide qui vient amplifier notre humanité, et augmenter nos capacités intellectuelles, mais elles ne peuvent en aucun cas nous remplacer » (Luc Julia, inventeur de la commande vocale Siri d’Apple).
Bibliographie
https://www.coe.int/fr/web/artificial-intelligence/what-is-ai#:~:text=L'IA%20est%20en%20r%C3%A9alit%C3%A9,capacit%C3%A9s%20cognitives%20d'un%20%C3%AAtre
https://hellofuture.orange.com/fr/plaidoyer-pour-une-ia-ethique-et-responsable-des-la-conception/
https://www.inria.fr/fr/intelligence-artificielle-responsable-regulation-ethique
https://www.cairn.info/revue-constructif-2019-3-page-5.htm
https://onopia.com/les-coulisses-de-netflix-comment-lia-faconne-votre-experience-de-streaming/