BLOG | Do you speak Drupal 8? Les 5 questions à se poser pour lancer un site multilingue

29/10/2019

Par Rosaria Constantin

Vous souhaitez lancer un site ou refondre votre site web en ciblant plusieurs régions du globe dans différentes langues ?

Au-delà de la problématique multilingue, d’autres points sont à prendre en compte tels que l’adéquation de vos contenus aux régions ciblées, la production des traductions, l’optimisation du référencement, la gestion multilingue de l’interface d’administration. Nous vous proposons, au travers de notre expérience, d’aborder ensemble ces points sous la forme de 5 questions préalables à la conception de votre site.

Dans le cadre de la mise en œuvre d’un site multilingue, la question du choix du CMS (Content Management System) est récurrente. Drupal 8 (D8) a fait un bond en termes de traduction et de gestion des langues ce qui en fait une solution open-source compétitive que nous vous recommandons.

Voici, au travers de 5 questions, comment profiter des atouts de ce nouveau Drupal et bien concevoir son site « corporate » multilingue.

1. Site multilingue ou multirégional ?

Débutons d’abord par une brève définition de ces deux concepts.

Un site internet multilingue propose un même contenu traduit en plusieurs langues. C’est le cas par exemple de YouTube qui offre une interface traduite en plus de 65 langues ou encore d’une entreprise canadienne proposant exactement le même contenu en français et en anglais.

Un site multirégional, quant à lui, cible des zones géographiques spécifiques et offre un contenu web personnalisé pour les internautes d’une région ou d’un pays avec des news, des opérations commerciales ou des évènements locaux.  

Les deux concepts sont très proches et un site multirégional doit par nature être multilingue lorsqu’il s’adresse à des internautes dans plusieurs pays ou continents.  

Vers une approche marketing « glocale »

La Glocalisation, traduction du néologisme anglais formé par le mot-valise « Globalisation » + « localisation », est l'adaptation spécifique d'un produit ou d'un service à chacun des lieux où il est vendu, ou à chacune des cultures à laquelle il s'adresse.

Wikipédia

Internationaliser son site de manière « glocale » sous-entend de :

  • Personnaliser son apparence aux spécificités locales, aux us et coutumes, aux habitudes culturelles ;
  • Penser son contenu en accord avec la situation économique et technologique du pays ciblé ;
  • Prendre en compte les limitations d’accès à certains sites (éviter les vidéos YouTube imbriquées pour les internautes chinois et privilégier son homologue national Youku) ;
  • Ne pas fournir des contenus lourds à télécharger dans les régions où la fracture numérique est encore importante et où le haut débit n’est pas encore à l’ordre du jour. 

Le champ des possibles est infini, d’où l’intérêt de bien cerner le public visé voire de limiter pour une entreprise française, son site à deux versions (français/anglais) si l’on ne souhaite pas franchir le cap du site multirégional.

Si l’on opte pour un site multirégional, le contenu aura tout intérêt à s’adapter à la zone ciblée. Il s’agit d’un atout de différenciation non-négligeable par rapport à la concurrence. Se démarquer et être au plus proche de son public, voilà un objectif ambitieux. Face à ce défi, Drupal tire son épingle du jeu avec un ensemble de modules mis à disposition par la communauté et permettant la détection de la position géographique des utilisateurs, fondée sur le principe de localisation par adresse IP.

2. Comment sera organisé le travail de traduction et par qui ?

Avant de se lancer dans un site multilingue, un prérequis évident est de savoir par qui et comment le contenu sera traduit.

Ai-je les ressources en interne ? Si oui, l’idéal est de choisir les langues de son site en fonction des compétences disponibles dans son entreprise. Si non, on déconseille les moteurs de traduction automatique qui bien que parfois utiles traduisent souvent mot à mot et dénaturent le sens. Si l’on passe par les services de traducteurs, il faudra compter en moyenne 0,10 € par mot.

Pour bien évaluer le volume de données pouvant être traduit dans un site Drupal, voici un tour d’horizon des 4 modules intégrés au cœur de D8 pour la gestion multilingue :

  • Language : est le module pilier requis par les 3 autres pour faire fonctionner le multilinguisme ;
  • Configuration Translation:  gère la traduction des configurations du site, rendant les menus, les blocks et les vues (remontées de contenus dynamiques) traduisibles.
  • Content Translation: gère la traduction de tout ce qui s’apparente à de la contribution : nœuds (page d’article par exemple), taxonomies et commentaires… tout y passe.
  • Interface Translation: gère la traduction de Drupal et de son back-office.

Comment s’organise l’équipe éditoriale ? Si l’on souhaite mettre en place un processus de publication évolué, avec des autorisations de relecture ou un flux de publication avancée, D8 répond présent en intégrant dans son cœur une interface utilisateur (UI) et une API dédiée à la gestion des flux de travaux (workflow). Bien qu’au stade expérimental au lancement de D8, la combinaison des modules Content Moderation et Workflows répond désormais aux problématiques de contributions multilingues et multi-utilisateurs.  

3. Faut-il traduire toute l’interface d’administration du site ?

D8 facilite le processus de traduction de son interface offrant la possibilité d’activer automatiquement la mise à jour des traductions du cœur et des modules grâce au module Interface Translation. Les traductions sont mises à disposition par la communauté sur une dossier distant (localize.drupal.org).

Bien que le principe semble intéressant, on ne recommande pas la traduction du back-office mais plutôt de privilégier l’anglais pour l’interface dédiée aux contributeurs. Pourquoi ? Tout simplement car importer les traductions à la volée engendrerait un travail de validation titanesque et un coût associé conséquent. Comment être sûr que la traduction du back-office en japonais proposée soit correcte et exempte de fautes de grammaire, d’orthographe voire de contresens ?

Par ailleurs, à ce jour tous les modules ne disposent pas de traductions complètes et exhaustives dans la centaine de langues disponibles. Avoir une traduction partielle du back-office est loin d’être une approche « user-friendly ». De même que faire appel à des traducteurs pour traduire les éléments non-traduits de l’interface d’administration induirait un coût à ne pas négliger.

C’est pourquoi, un des points dont s’assurer lors de la conception de son site est de valider avec son prestataire qu’une attention particulière sera apportée lors de la création des champs de saisie du back-office :  les libellés des champs et les textes d’aide devront être initialisés dans la langue de Shakespeare. 

4. Comment bien gérer le partage des médias ?

La gestion des images, des vidéos, des fichiers et des autres ressources est au cœur des préoccupations des entreprises. Un vrai challenge lorsque les contributeurs sont éparpillés aux quatre coins de la planète. Avec la publication de la suite Media Entity, D8 offre désormais une solution robuste et performante qui, correctement configurée en amont, simplifie le partage des ressources multimédia.

Un tableau de bord dédié

Dans le cadre d’un positionnement multimarque par exemple, le simple changement de logo d’une des marques sur toutes les pages d’un site multilingue peut s’avérer laborieux. Nous l’avons constaté pour l’un de nos clients du CAC 40, dont nous avons repris la tierce maintenance applicative et dont le site du groupe en D7 est loin de respecter les bonnes pratiques. Comment répercuter le changement rapidement sur toutes les langues du site ?

Drupal offre l’accès à un tableau de bord dédié et visuel qui permet aux contributeurs de retrouver une image et de remplacer cette image sans avoir à éditer chaque page où elle a été insérée et cela quelle que soit la langue. Qui peut faire plus simple, plus efficace et plus rapide ?

Jouer la carte des métadonnées et de la classification

Nativement la médiathèque permet de créer des métadonnées pour chaque fichier. La langue d’origine du média en fait partie. On peut également récupérer dès le téléchargement et automatiquement le type MIME d’un document (exemple PDF, DOC) ou encore son poids. Informations qui pourront être utilisées dans le cadre d’une recherche ; le plus difficile n’étant pas de télécharger un média mais bien de le retrouver lorsque l’on en a besoin.

A la possibilité native d’effectuer une recherche par nom, s’ajoute également la possibilité de créer des critères de classement personnalisés et de permettre aux contributeurs de classer les médias via le fameux système de taxonomies Drupal. L’objectif étant de classifier par catégorie afin de faciliter une recherche ultérieure. Je cherche parmi mes PDFs le dernier communiqué de presse en français publié par untel, ou la dernière publication financière trimestrielle 2017.

Une bonne définition des besoins permettra de configurer ces critères en amont. Il ne faudra pas non plus négliger la formation des contributeurs à l’utilisation et surtout à la saisie de ces critères lors de l’ajout d’un média. Car soyons d’accord, la viabilité d’un système repose sur son bon usage.

5. Quelle stratégie choisir pour construire mes URL ?

Cette question influe sur la façon dont les moteurs de recherche référencent le contenu de votre site et proposent ou non vos pages aux internautes. Google, de son côté, recommande trois stratégies dans ses «  consignes relatives au contenu international » (article que nous vous conseillons vivement de lire par ailleurs). Ces stratégies sont résumées ci-dessous :

  • Plusieurs noms de domaines avec extensions géo-localisées (exemple : monsite.fr, monsite.ja) avec un ciblage géographique clair et une séparation aisée des sites. De loin la plus coûteuse des solutions.
  • L’utilisation de sous-domaines (exemple : fr.monsite.com, ja.monsite.com). Cette solution est la plus facile à mettre en œuvre. Un des inconvénients repose sur la confusion que cela peut induire chez les visiteurs : est-ce que le code préfixé à l’URL correspond au pays ou à la langue ?
  • L’arborescence en répertoires (exemple :  monsite.com/fr, monsite.com/ja).

Ce que l’on nomme communément « réécriture d’URL » dans le jargon SEO (Search Engine Optimization) permet au moteur de recherche de proposer un contenu pertinent pour un public ciblé. Si vous avez bien compris le concept, vous comprenez également que ce ciblage est aussi géo-localisé. Comment faire pour aider Google à déterminer « les pays les plus importants à vos yeux » ? Surtout si vous structurez votre site en sous-domaines ou en répertoires.  Nous vous renvoyons à l’utilisation de la Google Search Console, outil dédié aux webmasters consciencieux, dont le fonctionnement et les principes de configuration sont bien expliqués par le support Google.

Du côté de Drupal, aucun problème pour mettre en place ces stratégies avec ou nom le partage d’une base de données commune.  Avec une seule installation de Drupal, je peux par exemple utiliser une configuration multi-sites : avoir des sites indépendants avec des noms de domaines ou des sous-domaines différents partageant un socle de base commun. Ce socle inclut des fonctionnalités, des configurations partagées, des styles graphiques, des développements spécifiques… Cette architecture permet d’industrialiser la conception d’un projet et la déclinaison d’un site en x langues, sans pour autant sacrifier le sur-mesure ; il s’agit là de tirer pleinement parti du concept d’usine à sites multilingues.

Pour conclure, pour ceux qui ont des réticences à choisir Drupal car ils ont été confrontés à la complexité de D7 où la mise en place d’un site multilingue demandait l’installation et la configuration d’une trentaine de modules en moyenne, nous tenons à vous rassurer. Aujourd’hui, le meilleur de D7 a été condensé dans le cœur de D8 sous la forme de 4 modules puissants qui répondent aux attentes de toutes les structures en termes de gestion multilingue. Techniquement D8 se présente comme une solution robuste et fiable, il ne vous reste plus qu’à vous appuyer sur un prestataire expérimenté qui en maîtrise la configuration, les bonnes pratiques et vous accompagne efficacement dans votre positionnement digital international.

Pour en savoir plus, sur D8 et le multilinguisme, rendez-vous sur la documentation officielle proposée sur le site drupal.org.